L’article ci-dessous est paru dans le Devoir du 12 septembre. On y explique l’opinion enfin positive du gouvernement quant aux écoles privées et le rôle important qu’elles jouent dans notre société.

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FINANCEMENT GOUVERNEMENTAL
L’école privée réclame plus de stabilité
12 septembre 2015 | Pierre Vallée – CollaborateurÉducation

Le ministre de l’Éducation, François Blais, l’a déclaré récemment. Le gouvernement Couillard n’a pas l’intention de réduire le soutien financier qu’il accorde aux écoles privées pour les élèves qu’elles accueillent. En cela, il se range à l’argument de la Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP). 
En effet, la FEEP a toujours soutenu que toute diminution de ce soutien financier entraînerait une migration d’étudiants du privé vers le public avec la conséquence que l’État serait dans l’obligation d’assumer la totalité des frais encourus par l’arrivée de ces nouveaux étudiants à l’école publique. Arguments repris pour l’essentiel dans le second rapport de la Commission de révision permanente des programmes rendu public à la fin d’août.
Si cette décision réjouit le président de la FEEP, Jean-Marc Saint-Jacques, elle ne signifie pas pour autant que la situation est au beau fixe. Car l’école privée a aussi subi les mesures d’austérité du présent gouvernement. « C’est le soutien financier au transport scolaire qui a fait l’objet de coupes », précise Jean-Marc Saint-Jacques. Le transport scolaire à l’école privée est à géométrie variable. Dans certains cas, c’est l’école qui l’organise et qui le confie ensuite en sous-traitance à une entreprise de transport. Dans d’autres cas, l’école signe une entente avec la commission scolaire et c’est cette dernière qui s’occupe du transport scolaire, évidemment contre rétribution. Dans les deux cas, c’est l’école privée qui assume les frais du transport scolaire de ses élèves. 
« L’an dernier, le gouvernement a coupé du tiers la subvention au transport scolaire et son intention était de la faire disparaître complètement en trois ans. Il s’est ravisé depuis, et cette année la coupe n’est que d’un sixième. Par contre, il a réduit du même montant la subvention accordée à la valeur locative, c’est-à-dire la somme allouée à l’entretien et au chauffage de nos installations. De plus, les subventions aux élèves n’ont pas été ajustées à l’inflation. Au total, depuis trois ans, l’école privée a connu une baisse réelle dans le soutien financier que le gouvernement lui accorde. Heureusement, il semble que la situation se stabilise et que nous ne subirons pas d’autres coupes. » 
Contribution parentale et baisse de l’achalandage 
Ne pourrait-on pallier ce manque à gagner en augmentant la contribution des parents ?« Il n’y a pas de marge de manoeuvre en ce sens. D’une part, la loi nous interdit de demander une contribution financière aux parents qui serait supérieure au montant de la subvention reçue pour l’élève. Et d’autre part, l’école privée est arrivée à un point d’équilibre en ce qui concerne la contribution parentale. Toute augmentation de cette dernière se traduirait par une baisse des élèves qui fréquentent l’école privée. Certains parents choisiraient de ne pas inscrire leurs enfants, d’autres se trouveraient dans l’obligation de retirer les leurs et d’autres se retrouveraient avec le dilemme suivant : avoir un enfant à l’école privée, mais être incapable d’y inscrire un second. »
Déjà que l’école privée connaît une baisse d’achalandage. « Ce n’est pas dû à une désaffectation de la part des parents, mais plutôt à une baisse démographique. Il y a tout simplement moins d’enfants en âge scolaire présentement au Québec qu’auparavant. Et dans certaines régions, cette baisse démographique est plus forte, ce qui a entraîné la fermeture de quelques écoles. Mais pour l’ensemble du réseau, l’on parle d’une baisse de tout au plus 10 % de l’achalandage. » 
Élèves en difficulté 
L’on a souvent reproché à l’école privée de cibler uniquement les meilleurs étudiants et de faire peu de cas des élèves éprouvant des difficultés d’apprentissage. L’école privée en a pris bonne note et a depuis corrigé le tir. « Aujourd’hui, on peut affirmer qu’un élève sur dix qui fréquente l’école privée est un élève qui présente des difficultés d’apprentissage, que ce soit la dyslexie, un léger autisme, des troubles d’attention, etc. Et l’on a mis en place des plans d’intervention et des programmes d’aide et de soutien. Par exemple, nous avons diminué le nombre d’élèves en classe pour les classes qui accueillent des élèves ayant des difficultés d’apprentissage. Nous avons aussi embauché des orthopédagogues et autres spécialistes en éducation. Et nous l’avons fait à même nos budgets existants, car nous ne recevons aucune aide financière du gouvernement pour les élèves en difficulté. Si le gouvernement veut que l’école privée accueille davantage de ces étudiants, il faudra qu’il nous subventionne pour le faire, car l’école privée n’a pas les moyens financiers à elle seule d’en faire plus. » 
Quelques pistes de solution 
Jean-Marc Saint-Jacques espère que le gouvernement en viendra à assurer un financement plus stable et prévisible à l’école privée. « Un financement à moyen terme, disons sur trois ans, nous permettrait de mieux planifier. Les décisions subites et à court terme nous nuisent. Par exemple, il y a deux ans, nous avons appris au mois de juin que la subvention au transport scolaire était réduite du tiers. Mais en juin, toutes nos ententes en transport scolaire pour l’année suivante étaient déjà signées. » 
Il croit aussi que le gouvernement, qui se lance dans une importante réforme des commissions scolaires, devrait en profiter et s’inspirer du modèle de l’école privée. « La majorité des décisions doivent être prises là où l’élève est, c’est-à-dire à l’école. C’est l’école qui est la mieux placée pour déceler les problèmes et la mieux placée pour mettre en place les mesures pour les corriger. La pédagogie et la vie scolaire, c’est à l’école que ça appartient. » 
Il aimerait aussi que certains changent leur perception de l’école privée. « L’école privée ne favorise pas l’élitisme, elle favorise plutôt l’excellence. »