Quelques réflexions sur l’École Socrates-Démosthène
de la Communauté hellénique du Grand Montréal (CHGM)
Par Christos Sirro
Christos Sirros est un homme politique québécois. Élu  à l’Assemblée nationale du Québec entre 1981 et 2004, il est tour à tour député, ministre, puis président de l’Assemblée nationale. Il devient par la suite délégué général du Québec à l’étranger jusqu’au moment de sa retraite, en 2017.
Trois générations de Sirros ont reçu leur éducation à l’École Socrates-Démosthène
a CHGM m’a demandé d’écrire un court article sur l’École Socrates-Démosthène et le fait qu’en plus de moi-même, mes deux fils sont allés à cette école et, maintenant, ma petite-fille y étudie. Voici donc certaines de mes réflexions sur l’École Socrates-Démosthène et pourquoi les parents devraient envisager d’y envoyer leurs enfants.
Un défi important auquel les enfants des minorités culturelles doivent faire face lorsqu’ils grandissent ici, au Québec et au Canada, est de savoir comment réussir leur intégration dans la société en général. Il est évident que la maîtrise des deux langues qui leur seront les plus utiles ici au Québec, le français et l’anglais, est au centre de tout cela. Il ne faut cependant pas sous-estimer l’acquisition d’une bonne connaissance de la langue de leurs racines et, dans notre cas, cette langue exprime tant de valeurs culturelles occidentales.
Entre l’assimilation d’une part et la confortable protection du ghetto de l’autre part, trouveront-ils cette voie d’intégration dans la société qui leur permet d’être des citoyens productifs du Québec et du Canada sans abandonner leur identité de Québécois canadiens d’origine grecque?
C’était cet espoir qui était au centre de la décision qui a conduit mes deux fils, Alexander et Jason, à Socrates-Démosthène et c’est ce qui a également conduit mon fils Alexander et son épouse Effie à choisir la même voie pour ma petite-fille, Katherine : un environnement éducatif reflétant le meilleur des valeurs grecques avec une éducation trilingue.
Socrates-Démosthène peut donner à nos enfants la confiance dont ils ont besoin quant à leur identité en tant que membres à part entière de cette société, et leur donner la base d’un attachement permanent à leur héritage culturel.
La civilisation occidentale est, après tout, fondée sur des idéaux grecs : la pensée, la recherche de la vérité et la compréhension du monde. C’était la première fois que l’humanité cessait d’être gouvernée par le royaume des superstitions et donnait le contrôle de son destin au questionnement et à l’esprit. Les mots de Socrate, dont l’école porte le nom, résument  bien ceci : « Une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue. »
Dans la mesure où l’École Socrates-Démosthène peut enseigner ces valeurs et inculquer une soif de compréhension et d’apprentissage chez nos enfants à partir de celles-ci, elle peut aspirer à être le choix préféré des membres de notre communauté en général.
À mesure que notre communauté se développe localement avec le temps et non plus à travers une nouvelle immigration, chaque nouvelle génération aura de plus en plus de mal à transmettre les bases de la langue, de la culture et du patrimoine grecs.
Les grands-parents qui jouaient souvent,  jusqu’à présent, le rôle de gardiens de la langue et de la culture seront bientôt nés et élevés ici, par des parents eux-mêmes nés et élevés ici. L’anglais ou le français viendra inévitablement plus facilement pour eux que le grec. C’est déjà le cas pour la plupart des parents d’aujourd’hui. Cela ne veut pas dire que ces parents se sentent moins « Grecs », mais ils peuvent bien utiliser le soutien offert par Socrates-Démosthène  pour s’assurer que leurs enfants maintiennent cette identité.
Je ressens le besoin de dire ici que la mesure de cette identité grecque ne réside pas seulement dans l’habileté avec laquelle on parle, lit et écrit le grec, et certainement pas dans l’agitation aveugle de drapeaux nationalistes à chaque mention du mot Grec . Elle repose plutôt sur l’intégration dans notre système de croyances, dans les valeurs qui sous-tendent la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui et qui découlent de ce que l’hellénisme a apporté au monde.
La condition préalable à la décision des parents d’aujourd’hui d’envoyer leurs enfants à l’École Socrates-Démosthène est que les écoles offrent une éducation de qualité qui ne laisse rien à désirer (la recherche de l’excellence est, après tout, une valeur grecque fondamentale). Comment se compare-t-elle sur le plan éducatif avec les meilleures écoles privées? A-t-elle une bonne infrastructure technologique? Offre-t-elle un environnement respectueux pour l’enfant? Comment les diplômés réussissent-ils à intégrer les meilleures écoles secondaires? Quel pourcentage de diplômés de Socrates-Démosthène se rend au niveau universitaire? Ce sont des questions que les parents qui examinent l’École Socrates-Démosthène se poseront et devraient poser à l’administration.
Quand leur mère et moi avons pris la décision d’envoyer Alexandre et Jason à Socrates-Démosthène à la fin des années 70 et au début des années 80, nous étions convaincus qu’en plus de l’anglais, ils maîtriseraient le français et apprendraient le grec dans un environnement issu de notre propre réalité culturelle. Cette décision se basait moins sur les faits (que personne ne connaissait alors) et plus sur la foi et un attachement à la communauté.
En même temps que nous, leurs parents, Socrates-Démosthène et leurs grands-parents ont réussi à atteindre cet objectif. Chacun de mes fils parle couramment le français et l’anglais, a une bonne compréhension de la langue grecque et est à l’aise avec son héritage hellénique.
Je crois que l’école s’est beaucoup améliorée depuis lors et qu’il devrait maintenant y avoir des preuves dans les études et la recherche qui peuvent aider les parents dans leur choix de l’École Socrates-Démosthène pour leurs enfants.
J’exhorte les parents qui envisagent actuellement le choix d’une  école pour leurs enfants à considérer aussi Socrates-Démosthène. Comparez, demandez, questionnez. Tout bien considéré, la valeur d’un ancrage sain dans les racines et l’identité compte beaucoup pour moi. Assez, je crois, pour faire pencher la balance vers ce choix.